Le dr DEBONO présente 3 types de motivations à poursuivre son travail de recherche :
l'obligation professionnelle : c'est celle qui lui a été demandé au cours de ses études, puis dans son premier parcours professionnel. L'installation en libérale devrait l'en dégager. mais ...
le besoin narcissique : il ne s'étend pas sur cet aspect. Il l'évoque ensuite à deux reprises, pour s'en dédoiner, comme si c'était une peste. Mon avis est tout autre : nous avons toutes et tous des besoins narcissiques. Mais cette expression fait souvent référence à un déficit narcissique tel, qu'il gâcherait les interventions, les attitudes, les actes qui seraient sensés le nourrir. C'est dommage. Un besoin narcissique n'est pas un déficit narcissique, c'est ... un besoin. Un engagement aussi fort que celui de la recherche ne PEUT PAS ne pas vibrer avec un besoin narcissique. A mon sens, c'est NORMAL, et c'est même BIEN. Parce que ce besoin peut contribuer à conserver la motivation, à se battre quand il le faut, à rester exigent, à choisir les bons collaborateurs et à supporter la critique quand il s'agit de publier.
Troisième niveau évoqué, celui des valeurs ou qualités qu'il lui semblent important de cultiver en tant que praticien, dans un domaine exigeant, aléatoire et risqué (la chirurgie du rachis)
- Introspection : questionner ses compétences, ses résultats, ses manières de choisir une intervention (selon l'état de l'art, comme le prof à dit, pour se protéger, au profit du patient ?)
- Evaluation : questionner ses résultats, ses manières de faire, les protocoles utilisés ...
- Confrontation : se considérer responsable de sa pratique et de ses choix, les questionner, se renouveler, ...
- Innovation : contribuer à la connaissance et à des innovations cliniques pour la communauté, ou plus modestement (ou non) pour la pratique individuelle
- Partage : ouvrir notre pratique et nos réflexions à la communauté. La communauté de son domaine, ou même au-delà.
Cette démarche se nourrit de la maturité du professionnel, qui a une pratique suffisante pour avoir du recul sur ses interventions, sur sa propre personne (dimensions émotionnelle, technique et professionnelle).
Le praticien ou la praticien dispose d'une base de situations cliniques qui sont la matière première essentielle de la démarche de recherche. Le dr DEBONO parle de "casuistique", bien que ce terme soit en fait une définition tout autre. Le clivage si habituel entre la recherche et la clinique font perdre à la connaissance collective la richesse qui peut être tirée de ces nombreuses situations. Un retour, même modeste, est toujours une contribution de grande valeur, pour le praticie, pour ses pairs, pour les clients, pour la communauté et pour la société.
