Le 30/05/2023
La principale question de tout "débutant", de tout "curieux" est souvent : pourquoi ? pourquoi la recherche ?
Cette question n'est pas si fondamentale qu'il y parait. Sa principale qualité est de confronter l'interlocuteur à ses propres motivations et à sa compréhension de la démarche de la recherche sur le moment.
La question "pourquoi la recherche ?" peut se décomposer en plusieurs autres formules qui permettent de l'appréhender plus facilement.
Pourquoi, moi, je m'y mets ?
J'ai plusieurs motivations, sur le plan personnel et sur le plan professionnel. Personnellement, je suis curieux de nature et j'aime penser. J'aime me prendre la tête avec des situations conceptuelles difficiles. Est-ce nécessaire pour faire de la recherche ? Je ne pense pas. Mais c'est ma porte d'entrée à moi. Professionnellement, j'ai besoin de m'assurer que ce que je fais a un sens, que mes connaissances se renouvellent, s'étendent, contribuent encore à ma pratique. Je pourrais me contenter des supervisions : elles sont déjà très enrichissantes sur les plans théoriques et cliniques. Mais ces supervisions "tournent et retournent" dans la Gestalt-thérapie; il me manque l'ouverture, le renouvellement de mes connaissances et de mes attitudes, de mes points d'attention face à un client. Je pourrais aussi me satisfaire de mes lectures, que je choisis variées. Mais la réflexion, l'investigation, la rigueur méthodologique, l'écriture contribuent à bien mieux à l'intégration. Alors je répondrais que m'engager dans la recherche est une façon de rester en mouvement de curiosité, et de me développer activement.
A quoi sert la recherche ?
Ce que j'imagine, moi, c'est qu'elle permet de comprendre le monde et d'en faire bénéficier la communauté. "Comprendre le monde" signifie pour moi, comprendre quelle place ma pratique a dans le champ de la psychologie, du soin, de la thérapie, de la philosophie. Cela signifie aussi "comprendre ce que je fais, quand je fais ce que je fais", et t'aider à développer cette connaissance pour toi aussi.
Pour quoi faire ?
La recherche en psychothérapie a plusieurs objectifs, que l'on ne peut pas toujours mélanger. Un objectif (malheureusement) majeur en ce moment, est de faire la démonstration que "ça marche". Je dis malheureusement, parce que cet objectif est trop souvent politique (défendre sa chapelle, discréditer les autres, tirer son épingle du jeu, ...). C'est celui de nombreux collègues qui espèrent ainsi démontrer de manière définitive aux yeux du monde que la Gestalt-thérapie fonctionne. Je ne suis pas personnellement à l'aise avec cette démarche, qui crée une suspicion de manipulation. La recherche en psychothérapie cherche aussi à comprendre "comment ça marche?" Quels sont les facteurs qui mènent au succès : de conditions préalables ? chez le client ou chez le thérapeute ? des conditions de formation ? des conditions d'intervention ? La recherche a aussi un objectif plus modeste, mais fondamental : rendre compte. Dire ce qui se passe, décrire le plus finement possible une séquence, dans des critères qui permettent la comparaison, voire la reproduction, pour enrichir la connaissance. C'est mon objectif.
Quels sont les risques de la recherche ?
Les risques sont ceux de tout engagement un peu loufoque : pression sur notre ressource de base = le temps ! pression aussi sur la seconde ressource déjà en tension = les revenus ! et puis, le risque de l'aventure : le difficile apprentissage du chemin, l'errance, le découragement, l'expérience "tellement géniale !" mais dont tout le monde se moque, abandonner avant la fin, être perçu comme un gentil original mais pas crédible ...
Alors ... pourquoi la recherche ?
pour continuer d'avancer dans ma vie personnelle et professionnelle, pour donner une forme à ce besoin d'avancer, et lui donner le parfum de l'aventure risquée !
